Réseau des bibliothèques de Loire Semène

L’imam, l’évêque et le rabbin (documentaire adulte)

Ce livre est la transcription d’une série d’entretiens menés par une journaliste, Florence Méréo, de 2010 à 2015; elle a rencontré Michel Dubost, évêque d’Evry Corbeil-Essonnes, Michel Serfaty, le rabbin de Ris-Orangis, Khalil Merroun, recteur de la grande mosquée d’Evry-Courcouronnes. Surtout, elle les a rencontrés ensemble. Ils en ont l’habitude et ont déjà beaucoup débattu de leur religion respective.

Ces entretiens débutent avec la relation de leur réaction à la suite des attentats de l’Hyper-Casher et de Charly-Hebdo : tous ont décrit leur émotion, le choc ressenti comme tout un chacun et surtout le travail que chacun essaie d’accomplir pour que cela ne se reproduise pas. Une longue réflexion à trois se met alors en place pour voir comment faire pour que les jeunes de ces milieux difficiles ne soient pas tentés par le « jihad » proposé par les extrémistes ; une véritable communion s’instaure entre eux, même si les différences entre leurs trois religions (en tout cas quelques -unes ...) sont évoquées et très bien expliquées. Beaucoup de pistes de réflexion nous sont proposées, en voici quelques-unes : c’est Khalil Merroun, musulman, qui parle : « Plutôt que de demander des comptes à l’islam, je préfèrerai que les communautés marchent ensemble à chaque fois que la France est touchée, comme nous le faisons en Essonne, et que cela soit soutenu par les politiques. J’ai parfois l’impression que la démocratie n’aime pas le spirituel, comme si les spiritualistes n’étaient pas démocrates ! » Michel Dubost, catholique, explique ce qu’est la laïcité à laquelle tous les trois sont très attachés : « la laïcité est un mot très français, quasiment intraduisible en anglais. Il est chargé d’une histoire propre au pays. (...). La laïcité définit trois sphères de la vie publique : la sphère étatique, à qui elle demande d’être neutre ; la sphère publique, où elle reconnait aux religions le droit de s’exprimer individuellement et dans les cultes ; la sphère privée, ou chacun fait ce qu’il veut à condition de respecter l’autre. » Michel Serfaty, juif, donne son avis sur le même sujet :  « la vie religieuse et la vie politique n’ont pas à être mélangées. Pour moi, la laïcité est la possibilité pour le juif de vivre sa vie religieuse en toute liberté, sous la protection de l’état, et sans jamais manifester une exigence quelconque à l’endroit de l’état. »

 Ce qui est beau et frappant dans ce livre, c’est leur amour pour la France, alors que tous les trois sont nés au Maroc ; si une seule chose devait les réunir (et il y en a beaucoup !), c’est bien celle-là autour de laquelle ils travaillent sans relâche avec les jeunes.

 Voilà comment on aimerait débattre de tous les problèmes de société : d’une façon intelligente, posée, en conservant ses différences et en respectant celles de l’autre, en instaurant un dialogue et en trouvant des solutions, certes à un petit niveau...Ne dit-on pas que les petits ruisseaux forment les grandes rivières ?

Angélique