Réseau des bibliothèques de Loire Semène

 Voici un livre qui peut vous réconcilier avec l’univers des « psys ». L’auteur est psychologue clinicienne, psychothérapeute après avoir été marionnettiste, puis institutrice et psychologue scolaire. C’est peut-être ce parcours atypique qui lui a permis de créer de vrais liens humains avec ses patients; en effet, dans ce livre, elle nous raconte son parcours dans le service de néonatalogie de Roanne où elle est la « dame qui dit bonjour aux bébés » ; elle rencontre également les parents qui sont « coincés » dans une naissance prématurée, et donc privés de quelques mois de préparation de bébé ; ou alors, des parents confrontés à la maladie de leur enfant, à son handicap… Avec Annick Simon, on s’aperçoit que le bébé branché de partout, dans sa couveuse, est très sensible à ce qu’on lui dit ; la psychologue qui arrive auprès de lui semble absorber ses émotions et tout son être se colore de noir s’il est triste, de vert s’il est dans l’attente (l’auteur fait d’ailleurs une belle référence au poème « Voyelles » de Rimbaud : « Je frappe. Une voix éteinte m’invite à entrer. Je pousse la porte. La pièce n’est pas sombre. Elle est noire. Noire de leur désespoir. On manque d’air. On étouffe. Je ne les vois pas nettement. Mais, Elle, elle, toute brune, c’est le masque des tragédies grecques. Mais, Lui, grand, immense, lui, c’est le grand chêne déraciné. Le bébé, j’ai beau le chercher dans mes souvenirs, à ce moment précis, je ne sais pas où il est ; je ne le vois pas. La pièce est dévastée, comme ils le sont eux-mêmes. Comme chaque fois, dans ces bourrasques d’intenses émotions, j’entends le poème de Rimbaud… »).
  Dans ce livre, il n’y a pas de grandes leçons de psychologie qui, très souvent ne servent à rien, à part, au pire, énerver celui qui les lit, au mieux, à laisser perplexe celui qui pensait en tirer quelque chose. Ici, l’auteur explique qu’il faut simplement être à l’écoute et savoir trouver les mots justes pour toucher parents et bébés. A la fin de son livre, on assiste à une passation de savoir-faire avec une jeune stagiaire… Une belle leçon d’espoir et d’humanité et une belle écriture.

Angélique.